« You say that you love rain, but you open your umbrella when it rains. You say that you love the sun, but you find a shadow spot when the sun shines. You say that you love the wind, but you close your windows when wind blows. This is why I am afraid, when you say that you love me too ». WILLIAM SHAKESPEARE
Voilà pourquoi j’aime mon amant, parce que justement il ne me le dit pas. Il ne me dit rien d’ailleurs. Mais lorsque nous sommes ensemble, plus rien n’existe, il est tout à moi, je suis à sa merci… Tout à tour, nous écrivons silencieusement nos histoires du bout des doigts sur la peau moite de nos corps enfiévrés de désir. Nous nous réinventons au contact de l’autre en inscrivant nos mots dans chaque recoin, en créant des phrases dans chaque pli de nos articulations, en chuchotant des sons au creux de notre intimité. Comme si nous étions fondus l’un dans l’autre et pourtant si distincts dans les détails…
Avant lui j’ai aimé, certes ; mais pas de cette façon. Pas aussi intimement. Je me rends compte que ce n’est pas le nombre des années passées ensemble qui créent forcément un lien, une connivence. Je me sens plus intime avec lui que je connais si peu, qu’avec l’homme avec qui j’ai passé tant d’années. Moi qui croyais que je ne serais plus jamais capable d’aimer. Mon bunker de glace fond à vu d’oeil…
Nous nous observons comme le font les animaux sauvages, nous gardons la distance. Parfois nous nous rapprochons, bravant les barrières de nos peurs respectives. Comme deux écorchés vifs, nous tentons de nous apprivoiser petit à petit. Nous ne sommes pas pressés. Surprenant pour moi qui suis impatiente de nature. C’est très étrange comme relation. Parfois cela me laisse perplexe mais lorsque je passe sa porte, tous mes doutes s’évaporent. Vient le temps suspendu. Je ne pense plus en terme de durée, incapable de me projeter dans le futur. Nous sommes juste tous les deux séparés et ensemble pourtant. Je ne lui dis rien de moi, je ne sais rien de lui et je ne lui pose pas de question. Il ne me promet rien, mais il est toujours là près de moi… J’aime écouter la pluie tomber l’apres-midi, blottie tout contre lui dans son appartement si bien rangé, nous sommes si différents, apparemment. Je ne veux pas penser à ce que sera demain, ne plus réfléchir. Juste savourer à fond cet instant.
Si loin et pourtant si proche…