On part du principe que la vie c’est comme un immense labyrinthe.
Bon, au début c’est l’angoisse, la purée de poix. Quelle piste suivre ? Par où commencer ? c’est où la sortie ? Évidemment tu subis les intempéries, le jour, la nuit… Bref, au début tu avances au hasard. Occasionnellement tu rencontres des gens, tu les suis. Mais ça ne te convient pas. D’autres fois c’est le grand désert : personnes pendant des lustres. Parfois tu reviens sur tes pas, tu doutes. Tu te poses pour réfléchir. Tu reprends un chemin : impasse. Tu fais demi-tour et tu vois passer à nouveau les mêmes personnes. Tu paniques, tu crois que tu tournes rond. Une autre est assise sur un banc l’air hagard, on dirait qu’elle a renoncé à chercher. Tu t’énerves parce que tu croises des gens qui jouent à cache-cache, qui s’amusent alors que toi t’es perdu et trop fier pour demander ta route… Tu t’énerves encore parce celui-là ne t’as pas attendu, pire t’es persuadé qu’il a fait exprès de te semer… T’as vraiment les nerfs et tu es fatigué, tu te sens seul. Tu repères un groupe, mais ils ne savent pas plus que toi où aller, ils errent ensemble. Puis enfin, tu trouves un regard ami qui te guide jusqu’au centre. Mais là c’est pire parce que tu te retrouves à un carrefour : c’est le départ de plein d’autres allées. Il y a même des gens qui campent ! D’autres qui n’ont pas envie d’aller plus loin. Tu traînes encore un moment jusqu’à ce qu’une autre personne t’accompagne quelques pas vers un autre croisement. T’en a marre, c’est trop nul. Du coup tu repars seul et tu décides de prendre ton temps, tu verras bien, il y a forcément une sortie quelque part. Et au lieu de poser plein de questions aux gens que tu croisent, tu discutes avec eux, tu les écoutes, tu te surprends même à rire de vos infortunes communes ! Tu commences à reconnaître des endroits parce que là il y a un banc, là une haie plus fleurie… Une multitude de détails que tu n’avais pas remarqué avant, tellement tu étais obnubilé par l’idée de trouver la sortie. Pourtant tu es déjà passé par là c’est certain. Et lorsqu’enfin au détour d’une allée tu aperçois l’issue, t’es tout content ! Curieux tu fais le tour par l’extérieur, et tu constates qu’il existe plusieurs sorties ! Tu maudis ce foutu dédale et surtout toi-même… Tu aurais pu t’en rendre compte.
Dehors c’est une grande plaine, l’horizon est à perte de vue, c’est génial ! Cependant, tu croises encore des personnes qui on l’air perdu et qui se cantonnent à raser les haies de ce labyrinthe sans jamais s’en éloigner, ni se rencontrer, ni se parler. Et pourtant là il n’y a pas de barrières, le terrain est dégagé. Par rapport aux autres ils n’ont aucune contrainte… Tu te rends compte alors que c’est partout pareil. Il ne tient qu’à toi de te sentir bien ou pas, de te perdre ou pas. Ça ne dépend pas forcément des autres, ni du contexte. Tu comprends maintenant que si tu décides de retourner dans le labyrinthe, tu ne te perdras plus, tu ne suivras pas n’importe qui, car tu as appris à regarder autour de toi, à te créer des repères, à prêter attention à ce qui est différent, que du coup le contact est facile et que grâce à toutes ces particularités, tu as trouvé ton chemin. Dehors, dedans c’est pareil, tu peux décider de voir et tu as envie de jouer !
Tu profites pleinement de cet espace de liberté, allongé dans l’herbe tu regardes le ciel et tu sens immense et joyeux ! Tu es heureux !
Tous en coeur «Yep yep ! À tout à l’heure M’dame !» Ils sortent en trombe… Je n’ai pas vu la matinée passer !