Parce que je ne pouvais pas y croire. Parce que je ne m’y attendais plus. Besoin de contrôle ou inaptitude à accueillir ce qui vient ? Parce que comme d’habitude, je me suis censurée d’avance. Je n’ai pas laissé l’ombre d’une chance à cet inconnu, à ce hasard qui parfois nous bouleverse sur son passage, d’entrer dans ma vie.
Il m’avait dit de la façon la plus naturelle du monde : « il se passe quelque chose là, entre nous ? »
Je m’en souviens très bien. Il me raccompagnait à l’arrêt d’un bus, nous étions devant un passage piétons, attendant que le feu passe au rouge.
Et moi de lui répondre : « ah bon tu trouves ? Il se passe quoi dans ta vie pour que tu penses un truc pareil ? » Vlan ! la réplique à l’acide dont je suis coutumière. Il a bredouillé je ne sais quoi mais un truc qui m’a touchée, j’avais souri. Il n’y avait plus de bus. Il m’a proposé de me raccompagner à pieds jusqu’à chez moi… Et ce faisant, il s’est passé un truc entre nous.
Le lendemain nous avons pris un petit déjeuner à la terrasse d’un café, visiter une exposition du moyen-âge. Des tentures il me semble. Nous marchions côte à côte comme si nous avions toujours été ensemble, déambulant au hasard dans cette ville que beaucoup nous envient pour son côté romantique… J’avais cette sensation. Deux touristes sous le charme. C’était très agréable… Jusqu’au moment où il m’a demandé ”On se revoit quand ?” Je ne sais pas ce qui m’a pris, mais d’une seule tirade, avec force gesticulations, je lui ai déballé un emploi du temps démentiel où il n’y avait pas de place pour autre chose que mon travail. Le charme s’est rompu.
”On ne m’avait jamais jeté de cette façon jusqu’à aujourd’hui, t’es trop forte !”
Le choc ! C’est un peu comme s’il m’avait claquée. Je ne m’étais pas rendue compte à quel point j’avais fermé mon coeur. J’ai tenté d’adoucir ma réaction mais je ne faisais que m’enfoncer dans ma maladresse. Je n’avais pas eu l’impression de le ”jeter” pourtant, mais c’est comme ça qu’il a interprété. Je n’étais pas prête à entrer dans l’aventure, il y était déjà.